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A.06 - Communication des incertitudes

De Wikigeotech

Sommaire

Contexte

De nombreux prévisionnistes et des destinataires des prévisions variés

Le réseau de prévision SCHAPI – SPC compte plusieurs dizaines de prévisionnistes. Chacun d'entre eux a sa personnalité ; son expérience et ses connaissances techniques diffèrent de celles de ses collègues au-delà d'un socle commun. En particulier, la perception des incertitudes de prévision est propre à chaque prévisionniste.

Les SPC expertisent les prévisions de leurs outils et les incertitudes associées (par exemple, via l'estimation subjective des incertitudes, fiche C.02). Cette expertise, même calibrée par un contrôle régulier par les prévisionnistes eux-mêmes, comporte une part résiduelle de subjectivité.

À l'autre bout de la chaîne, les destinataires susceptibles de consulter nos prévisions présentent des profils très variés. Ils n'ont pas tous la même compréhension ni le même usage des incertitudes. Tous ne sont pas familiers avec les concepts mathématiques (probabilistes) et les résultats de nos modèles doivent être traduits dans une forme utile aux destinataires des prévisions et qui leur soit compréhensible.

Exemple 1. Sur ce plan, la situation du réseau SCHAPI – SPC présente des similarités avec celle du groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC). Ce dernier est composé de scientifiques et d'experts de disciplines variées et de cultures scientifiques diverses. Il cherche à communiquer efficacement vers un public très varié : experts nationaux, décideurs techniques, décideurs politiques, grand public...

L'incertitude n'est pas synonyme d'imprécision

L'incertitude a souvent mauvaise presse. Elle est trop souvent associée à l'imprécision et sa communication s'en ressent. Par ailleurs, une même information sur un risque à venir peut être comprise de plusieurs manières (sensiblement différentes) selon la manière dont elle est présentée.

Exemple 2. Prenez-vous des mesures si vous avez une chance sur dix d'être inondé ? Ou si vous avez neuf chances sur dix de garder les pieds au sec ?

Qualités recherchées d'une communication des incertitudes

Il résulte de ce qui précède qu'une communication efficace des incertitudes doit présenter certaines qualités :

  • précision : la représentation choisie doit rendre compte précisément des incertitudes ; dans le cas d'une communication littérale traduisant nos estimations de l'incertitude, les mots employés doivent avoir un sens précis défini à partir des concepts utilisés dans l'estimation des incertitudes ;
  • cohérence : les mêmes représentations de l'incertitude doivent être adoptées par l'ensemble des prévisionnistes ; de même, les mêmes mots doivent être employés avec les mêmes significations précises par tous[1] ; ces éléments de langage doivent être homogènes dans le temps ;
  • transparence : les représentations de l'incertitude choisies doivent être explicitées en détail et quand la communication est littérale, la définition précise des mots employés (avec le lien aux concepts d'incertitude) doit être fournie.

Exemple 1 (suite). Ces trois valeurs sont détaillées dans le guide de rédaction à l'intention des coordinateurs (lead authors) du rapport du groupe 1 du GIEC et sont rappelées dans le rapport technique (ainsi que dans son résumé).

Quelles formes pour une communication efficace ?

Dans le langage mathématique ou sous forme graphique

Si l'incertitude de prévision est présentée dans un langage mathématique ou sous forme graphique, il est utile de rendre disponibles les définitions des concepts mathématiques employés ; de légender les représentations graphiques et de préciser la signification des éléments représentés (par exemple, ce qu'est un intervalle de prévision, le niveau de confiance associé à cet intervalle...) ; d'expliquer la manière dont les résultats ont été obtenus.

Exemple 3. Le centre européen de prévision météorologique à moyen terme (CEPMMT ou ECMWF, http://www.ecmwf.int/), le projet COMET qui rassemble de nombreux centres météorologiques anglophones (https://www.meted.ucar.edu/), mettent à disposition sur internet une documentation fournie expliquant les formes de représentations graphiques des incertitudes de prévision météorologiques et des outils d'évaluation.

En adoptant un langage calibré

La communication en notation mathématique ou sous forme graphique peut ne pas être adaptée pour certains destinataires. Il est donc souvent plus approprié d'enrichir le bulletin littéral en commentaires portant sur l'incertitude de prévision.

Dans ce cas, il est nécessaire pour assurer la cohérence (entre prévisionnistes et dans le temps), la précision et pour limiter la variabilité des interprétations d'employer une terminologie calibrée. Ce calibrage est fourni à nos destinataires (transparence).


Exemple 1 (suite). Le guide de rédaction sur la communication des incertitudes pour les contributeurs aux rapports du GIEC fournit des tables de correspondance permettant de calibrer les mots employés dans le rapport. En voici deux exemples pour l'expression de la confiance et dans l'expression de la vraisemblance :


Inc17.bmp


Voir également

Fiche C.02 – Estimation subjective des incertitudes de prévision


Pour aller plus loin

Le résumé technique du 4e rapport du groupe I du GIEC (voir page 22) http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg1/ar4-wg1-ts-fr.pdf

Le guide de rédaction sur la communication des incertitudes pour les contributeurs aux rapports du GIEC http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg1/ar4-uncertaintyguidancenote.pdf



  1. Cela se rapproche de l'effort de cohérence de rédaction des bulletins de vigilance par les SPC (cf. le guide de rédaction : http://extranet.schapi.i2/spip/spip.php?article850)
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