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C.02 - Estimation subjective des incertitudes de prévision

De Wikigeotech

Sommaire

Principe

Il s'agit pour un prévisionniste d'exprimer son estimation propre (personnelle) de l'incertitude de sa prévision de façon formalisée. Son estimation propre se base généralement sur :

  • de toutes les données dont il dispose (et notamment de l'opinion des prévisionnistes Météo-France),
  • des sorties de tous les outils qu'il a utilisés pour construire sa prévision (abaques, modèles...),
  • de ses expériences passées en tant que prévisionniste, de sa connaissance des bassins versants et des cours d'eau, des outils employés...
  • éventuellement de ses échanges avec d'autres prévisionnistes de son équipe.

Pourquoi est-ce intéressant ?

Il existe des méthodes qui fournissent une estimation de l'incertitude d'un outil de prévision particulier (le plus souvent de modèles). Mais ces méthodes ne sont pas très déployées au sein des SPC, ni très simples d'emploi. Elles sont en outre notoirement imparfaites.

Un prévisionniste expérimenté connaît bien ses bassins versants et cours d'eau et il est très important que son opinion soit pleinement prise en compte dans l'estimation des incertitudes. L'estimation subjective est une méthode qui permet de prendre en compte toutes les informations disponibles pour le prévisionniste, sans oublier sa propre connaissance du système.

Enjeux et points sensibles

Cette méthode est à la fois très simple et complexe à mettre en œuvre. Très simple car il n'y a besoin d'outil supplémentaire (informatique, papier...) par rapport à ce dont disposent déjà les SPC : il n'y a « qu'à » demander au prévisionniste d'estimer sa confiance en lui.

Estimer subjectivement l'incertitude est cependant délicat car

  • notre confiance en tant que prévisionniste n'est pas objective et renvoie à l'image que nous n'avons de nous-mêmes et nos compétences professionnelles,
  • ce n'est pas une question à laquelle il est facile de répondre, particulièrement sous pression en période de crue.

Un phénomène fréquent est la sur-confiance qui conduit la plupart des gens à sous-estimer leur incertitude. Ce phénomène est amplifié par notre positionnement professionnel de prévisionniste, notre statut « d'experts ». Dans certains cas (notamment sous pression en période de crise), le phénomène inverse de sous-confiance peut apparaître (avec une sur-estimation de l'incertitude).

C'est pourquoi il est nécessaire de se familiariser à cette démarche, de s'entraîner puis de vérifier soi-même si nos estimations sont raisonnables par de nombreux retours d'expérience.

Il est en outre nécessaire de définir une expression formalisée qui exprime correctement notre « sentiment » (estimation interne et subjective) sur l'incertitude et qui soit également utile pour nos bénéficiaires. Une méthode possible est d'exprimer notre degré de confiance dans la prévision par la conviction que nous pourrions accepter un pari avec une mise plus ou moins élevée (cf. fiche A.04).

Expériences pratiques

Cette méthode est mise en œuvre avec succès par ÉdF depuis 2010 dans leurs prévisions bi-hebdomadaires transmises aux exploitants des ouvrages hydro-électriques. Ces prévisions portent sur la tendance centrale (prévision médiane chez eux) et la tendance haute (débit qui doit avoir une probabilité de 1 sur 10 d'être dépassé).


Voir également

Fiche A.04 – Exprimer une information sur l'incertitude à travers un pari


Pour aller plus loin

  • Houdant (2004). Contribution à l'amélioration de la prévision hydrométéorologique opérationnelle : pour l'usage des probabilités subjectives pour la communication entre acteurs. Mémoire de doctorat, ENGREF. Voir également un résumé en quelques pages du document précédent disponible sur l'extranet du SCHAPI : http://extranet.schapi.i2/spip/spip.php?article1034
  • Documents de formation du groupe de travail
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