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Wikigeotech:Purge

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Sommaire

Purge (n.f.)

L’utilisation de ce nom féminin prête beaucoup à confusion. Son usage dans le langage courant est parfaitement défini dans les dictionnaires. En géotechnique, le mot permet de désigner deux objets différents.

1- une purge au sens d’un objet physique localisé

en terrassement

Le premier sens du mot purge désigne un volume (ou un espace) strictement localisé au sein d’un ouvrage ou du terrain naturel, dont le matériau initial a été enlevé et remplacé par un matériau de meilleure qualité.

La purge permet de traiter un aléa naturel souvent mal défini, diffus et de faible ampleur, par opposition à la substitution. En terrassement, il est courant d’exécuter des purges dans un terrain naturel support de remblai pour évacuer des matériaux de mauvaise qualité géotechnique. D’une manière générale, la purge est souvent exécutée pour améliorer des zones de faible portance (mauvais module de déformabilité) correspondant à une zone d’anomalie au sein d’un ouvrage subissant un trafic.

Le Guide de conception des Terrassements[1] précise la définition en associant à la notion de volume, la notion de moyen impliquant une rémunération dans le cadre d’un marché.

La purge correspond à des volumes à remplacer souvent inférieurs à 100 m3 exécutés avec des moyens matériels (pelle, compacteurs) de faibles dimensions, mobilisés uniquement pour cette intervention. Le coût de réalisation d’une purge est en conséquence souvent assez élevé.

Le matériau purgé est souvent évacués car impropre à un réemploi en l’état. Dans le cadre d’un chantier, le matériau est dirigé vers des zones de dépôts définitifs ou éventuellement dans des merlons de faible hauteur. Cette action est prévue et doit être anticipée dans le cadre de la gestion du mouvement des terres. Si le matériau est évacué en dehors de l’emprise du chantier, il devient un déchet (au sens de la directive cadre européenne sur les déchets) évacué en centre de stockage de déchet inerte ou s’il s’agit de matériau riche en matière organique (comme des tourbes ou des vases) dans des centres spécialisés dans le traitement des déchets verts.

Selon les cas, la purge est comblée par des matériaux d’extraction des déblais dans des états hydriques « m », avec ou sans traitement, ou par des matériaux élaborés (issus de carrière, drainants,…).

en stabilisation de mouvements de terrain

Certains mouvements de terrain peuvent être stabilisés par la réalisation d'une purge en sommet du glissement. On parle d'allègement ou d'un déchargement en tête. Cette technique est décrite dans le Guide Prévention et Stabilisation des mouvements de terrain[2]. Le principe de l'allégement en tête consiste à diminuer les efforts moteurs du mouvement par enlèvement des matériaux (purge) ou par substitution à l’aide de matériaux légers de faible poids volumique.

Cette technique stabilise mécaniquement en allégeant la partie amont du glissement.

Un complément à l'allègement consiste à substituer une partie du matériau initial par un matériau de bonne qualité au niveau de la surface de rupture. Le matériau mis en place constitue alors un masque et constitue un volume de matériaux frottants et drainants mis en place en surface d'un talus, en substitution du sol naturel médiocre.

Le but de cette technique est de stabiliser le glissement par une augmentation des efforts résistants, d'une part par l’élimination partielle ou totale des sols médiocres en mouvement qui sont remplacés par des matériaux frottants (on vise des angles de frottement de 35 à 40°), et d'autre part par rabattement de la nappe vers l'intérieur du massif.

en risque rocheux

Cicatrice d'arrachement suite à purge manuelle – Villefranche-de-Conflent (Pyrénées Orientales)

La purge consiste en l’élimination des pierres, blocs et masses les plus instables par des techniques adaptées n’entraînant pas un risque de déstabilisation de la zone arrière. Elle réduit le risque de chutes à court-moyen termes et permet éventuellement des interventions complémentaires (paroi sécurisée pour la protection du personnel et pour la réalisation de travaux).

La purge est une technique couramment mise en oeuvre dans le cas d’une zone instable sans possibilité de confortation en place ou lorsqu'il est pris l'option de supprimer purement et simplement l'aléa chute de bloc. Les guides "Parades contre les instabilités rocheuses"[3] et "Prise en compte du paysage dans les protections contre les chutes de matériaux rocheux"[4] donnent des indications sur le traitement de l'intervention.

Les moyens mis en oeuvre (par ordre croissant d’importance) sont :

  • des moyens manuels (canne à purge, etc.) ;
  • mécaniques (éclateur, écarteur hydraulique, coussin, pince, etc.), pneumatiques (coussin gonflable);
  • hydraulique (lance à incendie, poche d'eau déversée par moyen aérien)
  • à l’explosif lent (ciment expansif) ;
  • à l’explosif (microminage voire minage).

Bien entendu, si des enjeux sont présents en contrebas, une protection de ceux-ci est mise en place, soit en falaise (emmaillotement ou guidage des blocs purgés), soit à l’aval (couche de tout venant sur chaussée, par exemple).

2 – la purge au sens d‘un objet physique évacué

Le deuxième sens du mot purge permet de désigner non plus le lieu mais le matériau qui est évacué lorsque l’on purge. Dans ce sens, la notion de volume restreint ou d’aléa diffus tel que sous-entendu dans la première définition, n’est plus nécessairement associée. Le mot purge s’applique indépendamment d’une définition utile à la gestion du marché de terrassement et peut plus facilement être utilisé dans un sens courant. Par contre, la mauvaise qualité géotechnique est dans ce cas implicite car le matériau évacué est dans tous les cas impropre à un usage quelconque. La purge peut regrouper indifféremment du matériau d’origine naturel, élaboré ou d’origine anthropique.

En langage courant on dit souvent : « c’est de la purge ».

3 - Références bibliographiques

  1. SETRA (2008) – Guide Technique – Conception et réalisation des terrassements ; Fascicule 1 : Etude et exécution des travaux ; Fascicule 2 : Organisation des contrôles ; Fascicule 3 : méthodes d'essais (GRT)
  2. LCPC (2010) Prévention et stabilisation des mouvements de terrain – Conception mise en œuvre et maintenance des dispositifs. Guide technique. 164 pages. ISBN 978-2-7208-2585-9.
  3. LCPC (2001). Parades contre les instabilités rocheuses. Guide technique. 144 pages
  4. Ifsttar-Cerema (2016). Prise en compte du paysage dans les protections contre les chutes de matériaux rocheux. Guide technique
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