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Wikigeotech:Falaise du Cap Blanc-Nez

De Wikigeotech
Cap blanc nez.jpg

La falaise du Cap Blanc Nez se trouve sur la commune d'Escalles dans le département du Pas-de-Calais. Suite à un éboulement important en janvier 1998, l'étude du phénomène avait conclu qu'il était nécessaire d'instrumenter la falaise afin de quantifier les mouvements, anticiper et prévenir tout nouvel éboulement. Ainsi, en janvier 1999, une instrumentation a été mise en place en tête de falaise pour suivre les déplacements. Le site est donc suivi depuis cette date jusqu'à aujourd'hui (2014)[1].

Sommaire

PRÉSENTATION DU SITE

Cap blanc nez carte.bmp
Le site des falaises du Cap Blanc Nez se trouve sur la commune d'Escalles à une dizaine de kilomètres au SO de Calais (62). Il s'agit des falaises françaises les plus septentrionales. Elles font face au Pas de Calais qui sépare la France de l'Angleterre et matérialise la limite entre la Manche et la Mer du Nord.

Le pied des falaises baigne cependant toujours dans la Manche et les côtes anglaises distantes d'une trentaine de kilomètres peuvent être aperçues par temps clair.

Généralités

Les falaises du Cap Blanc Nez recoupent un relief de collines élevées (158 m au Mont d'Hubert) et entaillent la craie du nord du boulonnais. Elles s'étendent sur un linéaire de 7 km entre Strouanne au Sud-Ouest et Sangatte au Nord-Est. Leur altitude s'élève d'une quinzaine de mètres à Strouanne à une centaine de mètres au Cap Blanc Nez pour s'abaisser jusqu'à Sangatte où se fait le raccord avec la plaine maritime du Calaisis. Une série de vallons secs suspendus, appelés « crans », jalonne ce linéaire :

  • le cran Saint-Pô (23 m d'altitude) à l'ouest du Petit Blanc Nez
  • le cran d'Escalles (25 m d'altitude) entre le Petit Blanc Nez (54 m) et le Cap Blanc Nez (100 m)
  • le fond du Guet (28 m d'altitude) à l'est du Cap Blanc Nez.

Devant ces falaises se développe un estran rocheux, appelé également platier, recouvert de sables et de galets.

Aujourd'hui, une grande partie des terrains en arrière du Cap Blanc Nez a été acquise par le Conservatoire du Littoral et est gérée par le syndicat mixte EDEN 62. Ce site bénéficie d'un certain nombre de protection et de classement :

  • Site Natura 2000 (Falaises et pelouses du Cap Blanc Nez, du mont d'Hubert, des Noires Mottes, du Fond de la Forge et du Mont de Couple) au titre de la directive Habitats
  • Site Natura 2000 (Cap Gris-Nez) au titre de la directive Oiseaux (zone de protection spéciale)
  • Parc Naturel Régional des Caps et Marais d'Opale
  • Inscription au label Grand Site de France.

Le caractère naturel et la beauté du site, corroborés par ces maintes protections, en fait un haut lieu touristique du Pas-de-Calais. Ainsi, chaque année, il accueille jusqu'à 1 million de visiteurs.

Contexte géologique

Le boulonnais constitue la terminaison orientale du Weald anglais ; il se caractérise par une demi-boutonnière ouvertes vers les côtes anglaises.

Cap blanc nez geol.bmp

Cette morphologie particulière est divisée en deux régions bien distinctes :

  • le haut boulonnais, prolongement vers l'ouest de l'Artois, caractérisé par un plateau crayeux recouvert de limons et affecté par un bombement anticlinal ;
  • le bas boulonnais, formé de formations argileuses et gréseuses d'âge jurassique au milieu desquelles émerge le massif primaire de Ferques.

Le Haut-Boulonnais est entaillé par l'érosion qui se matérialise par les falaises littorales de Sangatte à Strouanne dont le point culminant est le Cap Blanc Nez[2]. La structure du secteur des falaises et en particulier le pendage général des strates sont conduits par le bombement anticlinal cité précédemment. Le toit des argiles du Gault (base de la série des craies cénomaniennes), matérialisé sur l'illustration 3 par les lignes bleues, montre un enfoncement des terrains vers le NE avec une pente moyenne comprise entre 2 et 4 % et vers le SE avec parfois des pentes plus fortes, en particulier au droit du Cap Blanc Nez.
D'un point de vue tectonique, le secteur est affecté par deux grands types de failles :

  • longitudinales à caractère cisaillant dextre et parallèles aux grandes structures orientées NO-SE (N100-110°)
  • transversales orientées NNE-SSO (N20-40°)

Le schéma habituellement admis est celui de compartiments de socle individualisés dès l'orogénèse hercynienne et limités par les failles longitudinales (N100-110°). La couverture mézozoïque et cénozoïque a enregistré les rejeux pulsatifs de ces failles depuis le jurassique supérieur. La zone des falaises du Haut-Boulonnais se situerait au contact du bloc Brabançon (sous-bloc Brabant-Sud) et du bloc ardennais (sous-bloc Artois). Le détroit du Pas de Calais traduirait quant à lui l'importance des fractures traverses puisqu'il serait le résultat du jeu de ces discontinuités (sous-bloc Varne).

Ces propos sont illustrés par la figure suivante extraite d'une publication dans le Bulletin de Géologie[3].

Il est important de noter que la sismicité de la région est faible mais pas inexistante. D'après la base de données SisFrance, 2 évènements ont affecté le détroit du Pas de Calais entre Calais et Douvres :

  • le 6 avril 1580 d'intensité épicentrale de 7,5
  • le 21 mai 1382 d'intensité épicentrale de 7,5

Les intensités épicentrales sont définies à partir des descriptions écrites de l'évènement.

Stratigraphie des Falaises du Cap Blanc Nez

La lithologie du Crétacé des falaises du Cap Blanc Nez est représentée sur l'illustration. Son dépôt s'étend sur une période de 4 étages géologiques du Crétacé allant de l'Aptien au Turonien. Les formations qui la composent affleurent le long de la côte à falaises du Haut-Boulonnais. Elle présente à sa base des formations plus sableuse et argileuse (argile de Gault de couleur gris-sombre). Ensuite, des alternances de craie et de marne qui se différencient par la couleur, par la texture ou encore par la présence ou l'absence de silex, matérialisent le corps de la falaise. Enfin, une craie blanche à silex abondants coiffe la partie sommitale de la falaise (sommet du Grand Blanc Nez).

Contexte hydrogéologique

source jaillissant au pied de la falaise Cap Blanc Nez

Dans la région, les caractéristiques du réservoir de la craie dépendent fortement de la variation du faciès du Crétacé supérieur et de la structure du massif crayeux. Au droit du site, l'aquifère est épais et continu malgré la présence d'intercalations marneuses. La nappe est principalement contenue dans les fissures de la craie cénomanienne ; le caractère aquifère des « craies grises » puis « blanches » (Cénomanien moyen et supérieur) est bien visible au pied des falaises. La continuité hydraulique entre les craies du Turonien (zone non-saturée) et celles du Cénomanien est démontrée par des traçages effectués notamment en 1989 et en 1997.

La nappe au droit du site est libre et alimentée par les pluies efficaces. Deux types de fluctuations y sont en effet observées :

  • les variations saisonnières, liées à l'importance des pluies efficaces de la période hivernale
  • les variations inter-annuelles, liées aux effets cumulatifs des variations des pluies efficaces interannuelles.

La perméabilité de la craie à l'échelle du massif est très faible (de l'ordre de 10-7 à 10-9 m/s) mais sa répartition très hétérogène à travers l'ensemble du massif crayeux. Elle est en effet uniquement assurée par la fissuration et les joints de stratification affectant les formations aquifères et la zone non-saturée. Ainsi, les traçages mentionnés précédemment, font état de vitesses de transfert très rapides :

  • 53 m/h en traversant de la zone non saturée sur 57 m et en arrivant au pied des falaises
  • de 106 à 1093 m/h uniquement dans la zone saturée

La réponse rapide de ces traçages met en évidence un écoulement de type karstique au droit du site. L'ensemble de ces informations est corroboré par les graphes sur la pluviométrie et la piézométrie présentés ultérieurement.

RÉFÉRENCES

  1. C. Maurin, I. Lienard (2014). Falaises d'Escalles,Cap Blanc Nez - Instrumentation et suivi. Opération de recherche LCPC-Ifsttar 11M093
  2. BONTE A., DESTOMBES J.P, DESTOMBES P., RAMON S. et SOMME J. (1971) – Carte géologique à 1/50 000 de Marquise « Boulonnais nord » - feuille XXI-3, éditée par le BRGM.
  3. COLBEAUX J.P., DUPUIS Ch., ROBASZYNSKI F., AUFFRET J.P., HAESAERTS P. et SOMME J. (1980). Le Détroit du Pas-de-Calais : un élément dans la tectonique de Blocs de l'Europe nord-occidentale. Bull. Inf. Géol. Bass., Paris, v. 17, n° 4, 41-54.
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