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Nouveaux polluants

De Wikigeotech

Les nouveaux polluants des systèmes aquatiques

Le nombre de substances chimiques utilisé dans la vie courante est en constante augmentation et ce pour tout type d’applications : industrielles, agricoles, sanitaires…


On appelle substances émergentes les substances qui sont encore peu ou pas étudiées, que ce soit en ce qui concerne leur présence dans les aqua-systèmes, leur capacité de transfert vers les eaux souterraines ou leur potentielle toxicité environnementale ou sanitaire. Ces molécules sont considérées comme « émergentes » tant que des informations concernant leur innocuité ou au contraire leur dangerosité ne sont pas avérées. Dans ce second cas, elles seront réglementées, soit pour être suivies dans des campagnes de monitoring (DCE), soit pour viser à la suppression de leur utilisation.


Les raisons de cette méconnaissance peuvent être de différents niveaux :

  • Les moyens analytiques ne permettaient pas jusqu’alors de suivre ces substances dans les milieux naturels, leur présence étant ignorée. On peut citer le cas des oestrogènes (oestradiol, œstrone, ethynil œstradiol) qui sont présent à de très faibles concentrations dans les eaux (de l’ordre du ng/L dans les eaux). Ces niveaux sont corrélés en laboratoire à une toxicité (perturbateurs endocriniens) qui pourrait partiellement expliquer les phénomènes de féminisation des poissons dans les cours d’eau. On peut citer comme familles de substances emblématiques les substances pharmaceutiques et produits de soin corporel (PPCPs) : ces substances ne sont recherchées dans les milieux aquatiques que depuis quelques dizaines d’années et leur toxicité aux faibles teneurs mesurées (de qqn g/L à qq µg/L) n’est pas avérée. Toutefois, le fait de les retrouver dans l’intégralité des milieux (notamment dans certaines sources d’alimentation en eau potable) pose le problème de la méconnaissance des impacts potentiels à long terme.
  • Malgré une présence avérée dans les écosystèmes aquatiques, les connaissances en toxicologie et écotoxicologie sont encore trop parcellaires pour permettre de conclure sur leur inocuité ou leur dangerosité. Certains produits ont été évalués et considérés comme présentant un faible impact environnemental. Mais au vu de l’évolution des connaissances en écotoxicologie, certaines données doivent être réévaluées : c’est le cas des perturbateurs endocriniens. Ces substances ne présentent pas de toxicité à forte concentration (toxicité aigue) mais peuvent impacter la reproduction des organismes aquatiques à long terme et à faible dose ce qui remet en cause leur innocuité. D’autre part, il est parfois difficile de prédire le type d’impact écotoxicologique à rechercher : certaines substances vont avoir un effet sur des systèmes biologiques très différents de ceux qui ont été évalués lors de leur autorisation de mise sur le marché.
  • Les produits à étudier ne sont pas des produits directement fabriqués pour un usage (industriel, agriocole, urbain..) mais des sous-produits issus de processus, naturels ou non qui ne sont pas initialement connus.


Si l’on prend l’exemple des produits phytosanitaires, qui sont bien connus et font l’objet d’évaluation avant leur mise sur le marché, on s’aperçoit désormais que ces produits vont se dégrader dans l’environnement et que certains de ces produits de dégradation sont persistants dans les milieux naturels et n’ont pas subi une évaluation systématique de leur potentielle dangerosité (seuls les produits de dégradation majoritaires font l’objet d’une étude).

Les procédés de traitement (traitement des eaux usées ou potabilisation des eaux) peuvent eux-même conduire à la création de nouvelles substances : c’est le cas des traitements d’ozonation ou de chloration destinés à potabiliser les eaux destinées à la consommation humaine. Ces procédés peuvent entrainer la formation de nouveaux produits, inconnus qu’il faut pouvoir identifier avant de déterminer s’ils doivent ou non être classifier comme « polluants ».


Différents programme de recherches travaillent sur ces thématiques. Le réseau européen NORMAN (ref 1) (http://www.norman-network.net/index_php.php) est un réseau d’organismes de recherche et d’entreprises européens qui vise à mutualiser les connaissances sur ces nouveaux polluants des milieux aquatiques, afin de permettre des avancées scientifiques plus rapides par une mutualisation des connaissances acquises à l’échelle nationale.


Des campagnes européennes ou nationales sont organisées afin de recenser un maximum de nouveaux composés pouvant être classifiés comme polluants émergents. C’est le cas de la campagne organisée par l’USGS (Institut de recherche en géosciences américain) qui a permis de recenser dans les eaux résiduaires plus de 82 nouvelles substances, couvrant une vaste gamme de familles chimiques, d’usages….(ref 2 , figure 1)

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Figure 1 :Nombre de molécules détectées par famille chimique, campagne USGS (ref2)


Références

Ref 1 : NORMAN : Réseau de laboratoires de référence pour le monitoring des polluants émergents dans l’environnement (http://www.norman-network.net/index_php.php)

Pharmaceuticals, Hormones, and Other Organic Wastewater Contaminants in U.S. Streams, 1999−2000:  A National Reconnaissance, Kolpin et al;, 2002 Environmental Science & Technology. Pp1202-1211



BRGM, synthèse réalisée par --Anne Togola 24 juin 2012 à 15:21 (CEST)

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