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Bac à Bâle

De Wikigeotech

De nombreux bacs équipaient les grands fleuves ou les petites rivières dans toute l'Europe. Ils avaient pour fonction la traversée de personnes et de marchandises en des endroits isolés, loin des ponts des centres urbains. On en trouvait également dans les centres villes essentiellement pour la traversée de piétons qui voulaient éviter les encombrements du trafic routier.
Beaucoup de traversiers ont été abandonnés dans le récent passé, souvent faute de moyens et de rentabilité. Plusieurs collectivités contribuent aujourd'hui à la relance de cette activité, les considérant comme des éléments valorisant du patrimoine culturel et touristique local.

C'est ainsi qu'un service de quatre traversiers a été mis en place en plusieurs endroits du centre de Bâle en Suisse :  St. Alban (Wilde Maa)
, Münster (Leu)
, Klingental (Vogel Gryff) et St. Johann (Ueli). Ces bacs permettent la traversée d'une dizaine à une vingtaine de personnes.


Un bac écologique qui ne consomme pas d'énergie ? Est-ce un procédé innovant?

Pour découvrir ce traversier original, nous nous sommes rendus à Bâle, point de rencontre entre la Suisse, la France et l'Allemagne. Traversée par le Rhin, cette cité médiévale sait parfaitement conjuguer tradition et innovation.

bac en cours de traversee


WIKHYDRO - Bac à Bâle par Wikhydro


Le clip ci-dessus à droite explicite de manière dynamique et didactique le contenu de cette page


En ce jour de printemps, le débit du Rhin était voisin de 1000 m3/s : une énergie renouvelable, exploitée par les pays riverains sous forme d'hydroélectricité.

Le trafic de bateaux était assez intense et les premiers baigneurs étaient au rendez-vous.
Remonter le courant demande beaucoup d'énergie et une dépense importante en carburant de toute sorte, que ce soit pour du transport de passagers du transport de fret, ou encore pour les loisirs comme ces hors bords. La remontée à la rame reste cependant exceptionnelle, réservée à des sportifs bien entrainés.
La descente est bien plus facile... se laisser dériver par le courant est un bon moyen d'épargner ses ressources.

En nous promenant le long des berges du Rhin, nous avons rejoint l'un des 3 bacs traversiers. Ces Fähri transportent une trentaine de passagers d'un bord à l'autre du Rhin.
Idéal pour éviter les ponts engorgés, ils déservent le centre historique de la ville de Bâle.


Mais ce bac ne semble pas lutter contre le courant comme les autres bateaux, sa trajectoire est assez rectiligne, il se déplace en crabe et de manière uniforme


En observant ce traversier d'un peu plus près, nous nous apercevons qu'il est relié par un filin à un câble qui traverse le fleuve d'une rive à l'autre.
Pour en savoir plus, nous avons rejoint le quai d'embarquement En partant, le pilote transfère la potence d'amarrage à l'opposé de la berge à atteindre, ce qui explique le déplacement en crabe du traversier. Le pilotage de ce bac semble être vraiment facile: à la portée des enfants...


Mais comment fonctionne cette drôle de machine? de quelle manière le procédé peut-il s'affranchir d'un moteur et comment utilise-t-il l'énergie du courant?

En fait, le bac est relié au câble de liaison entre les deux rives par l'intermédiaire d'un filin d'amarrage au bout d'une potence mobile. Il est muni d'un gouvernail, incliné par rapport au courant. Ceci lui confère un déplacement le long d'une trajectoire rectiligne perpandiculaire aux berges.   

bac a bale 2
bac a bale 3
bac a bale 4
bac a bale 1
bac a bale 5
bac a bale 6

Le courant de la rivière exerce sur le gouvernail une force perpendiculaire à celui-ci, qui est indiquée par une flèche rouge

En décomposant cette force suivant les directions longitudinale et transversale au courant, nous obtenons respectivement les vecteurs indiqués en jaune et en vert.

En considérant maintenant l'équilibre des forces qui s'exerce sur l'ensemble du bac, il apparait que la force longitudinale exercée par le courant sur le gouvernail (flèche jaune dirigée vers le bas) est exactement équilibrée par la tension exercée par le filin d'amarrage (flèche jaune dirigée vers le haut)
Cet équilibre longitudinal maintient le bateau à distance égale du câble d'amarrage.

Si maintenant nous enlevons les forces qui s'équilibrent mutuellement, ne subsiste alors que la composante transversale de la force exercée par le courant sur le gouvernail, c'est-à-dire la force indiquée en vert sur le schéma. C'est cette force qui va produire le mouvement du bac en direction de la rive opposée.

Ce procédé est donc d'autant plus efficace que l'intensité du courant de la rivière est élevée.
Par ailleurs, pour que le système soit rentable, il faut qu'il puisse être utilisé pendant une grande partie de l'année, hors crues bien entendu, ce qui implique que le régime de la rivière soit assez régulier pendant l'année. Ces deux contraintes limitent donc quelque peu les sites potentiels d'installation de ce procédé vraiment écologique et économique.




Le créateur de cet article est Jean-Michel Tanguy
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