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Wikigeotech:Les maximes de Reverdy - part.V : Différence entre versions

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Talus et Revêtement
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== 39. A terrain naturel, talus naturels ==
 
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* Dans les argiles supraliasiques, on devra éviter autant que possibles les tracés en coteaux les grands talus en déblai ou en remblai, qui sont toujours glissants, et qui peuvent absorber en travaux dispendieux et presque toujours imprévus, tels que perrés, pierriers, etc. toutes les ressources disponibles.
 
* Dans les argiles supraliasiques, on devra éviter autant que possibles les tracés en coteaux les grands talus en déblai ou en remblai, qui sont toujours glissants, et qui peuvent absorber en travaux dispendieux et presque toujours imprévus, tels que perrés, pierriers, etc. toutes les ressources disponibles.
 
* Dans le granite, les terrains oolithiques et même les parties pierreuses du Lias, on peut au contraire tracer sans crainte les chemins dans les coteaux les plus raides ; les éboulements n'y sont jamais à redouter.
 
* Dans le granite, les terrains oolithiques et même les parties pierreuses du Lias, on peut au contraire tracer sans crainte les chemins dans les coteaux les plus raides ; les éboulements n'y sont jamais à redouter.
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== 40. La nature est hostile par principe à la tenue d'un talus argileux ==
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En effet sur la crête du talus qui a une forme convexe se produisent naturellement des fissures par lesquelles l'eau pourra pénétrer dans le corps du talus. En revanche, la zone concave du pied du talus qui est naturellement en compression ne permet absolument pas à cette eau de s'évacuer : elle s'accumule donc et se met en charge dans le talus jusqu'à sa rupture.<br />
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D'une manière générale il est impossible d'obtenir un talus stable si les matériaux qui le constituent parviennent au voisinage de leur limite de liquidité : c'est le cas général pour les talus de remblai non compactés en surface : toute l'eau de pluie est absorbée par ces matériaux foisonnés et dès qu'ils sont suffisamment liquéfiés, ils glissent rapidement vers la base du talus.<br />
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Pour les talus de déblai, s'ils ont été décompactés ou remaniés en surface ou si leur mauvais réglage facilite la pénétration des eaux pluviales, et surtout de celle qui peut provenir en abondance des fonds supérieurs, les mêmes incidents peuvent se produire. Cependant pour eux le risque principal est toujours constitué par l'arrivée des eaux internes : si une nappe même très faible ne peut plus s'écouler normalement, les eaux correspondantes vont s'accumuler et saturer le terrain jusqu'à ce que celui-ci s'écoule comme un liquide. Les exemples d'incidents de ce genre sont innombrables et il est rare qu'un chantier en soit protégé : l'argile verte du Sannoisien et l'argile à silex du Sparnacien, en ont donné de multiples exemples lors des travaux de construction de l'autoroute Paris-Lyon. Ce risque est particulièrement grand comme on l'a signalé, si l'on a mis en décharge des matériaux argileux impropres pour l'élargissement de talus de remblai normaux.<br />
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En contrepartie il ne faut pas oublier qu'en période sèche des matériaux très argileux, et donc très cohérents, peuvent se tenir pendant de longs mois rigoureusement à la verticale : c'est le cas par exemple pour l'argile verte, ce qui peut faciliter grandement des travaux de consolidation ou de renforcement préalables. D'autres matériaux à la fois cohérents et perméables tels que la craie se tiennent également très bien avec des talus verticaux, et seul le gel entraîne normalement de petits éboulements par plaques de ces talus.
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== 41. Les revêtements de talus sont des questions de mètres carrés et non de mètres cubes ==
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Ceci semble assez évident et les rémunérations correspondantes sont normalement prévues au mètre carré. Il faut cependant considérer que le revêtement le plus courant est constitué par la terra végétale qui est extraite sous forme de mètres cubes de déblai et stockée provisoirement sous forme de mètres cubes de dépôt. On peut être ainsi tenté de faire le bilan global de la terra végétale sur un chantier mais on n'y parviendra jamais, car il n' a guère de cubes aussi changeants.
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Ceci provient principalement du fait que les mottes de terre sont le plus souvent de l'ordre du décimètre et que l'épaisseur d'un revêtement de terre végétale compris entre deux surfaces, réglées au décimètre près, n'est pas déterminée avec une meilleure précision. En outre, tant que le gazon ou la végétation n'a pas poussé, cette épaisseur peut varier d'un jour à l'autre et on voit souvent réapparaître le terrain naturel à travers un revêtement théorique de 0,20 à 0,30 m de terre végétale.<br />
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D'autre part, en règle générale, le traitement de la terre végétale en revêtement doit être essentiellement différent du traitement d'un terrain utilisé comme remblai : sur le grand terre-plein central par exemple il faut avant tout aérer et herser la terre végétale avant de l'ensemencer, ce qui est le contraire d'un compactage. Pour exécuter ces travaux superficiels il existe d'ailleurs des tours de main très pratiques et qu'il est indispensable de connaître : par exemple, même dans les conditions les plus mauvaises, on peut traiter le revêtement d'un grand terre-plein central au moyen de deux tracteurs agricoles circulant sur les chaussées de part et d'autre de ce terre-plein  et traînant ainsi sur toute sa largeur les herses ou les autres appareils aratoires.
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== 42. La stabilité des talus ne pose de problèmes que si l'écoulement des eaux en pose ==
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Ceci résulte de tout ce que nous venons d'exposer : les effets de l'érosion sont les plus évidents ; l'écoulement des eaux internes ne pose pas un problème aussi général mais il peut entraîner de plus gros accidents et de toute façon il influe sur la pente du talus qui peut se trouver très réduite par rapport à l'angle de frottement interne des matériaux, sinon même annulée lorsque les matériaux parviennent à leur limite de liquidité.<br />
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En terrains très perméables il n'y a ainsi aucun problème de stabilité interne mais en contrepartie sur ces terrains qui ne retiennent pas du tout l'eau il sera très difficile de faire pousser de la végétation et dans ces conditions l'érosion pourra causer des dégâts plus importants.<br />
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Au contraire, comme on l'a vu pour l'argile ou la craie, les sols doués d'une forte cohésion peuvent admettre des pentes beaucoup plus raides tant qu'il est possible de leur maintenir cette cohésion.<br />
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Dans tous les cas, et quelle que soit sont origine, il convient toujours d'évacuer l'eau par les voies les plus directes, c'est-à-dire suivant la ligne de plus grande pente, qu'il s'agisse du drainage des eaux internes ou des descentes d'eau pour les eaux superficielles.
  
 
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Version du 27 mars 2020 à 10:13

Sommaire

V- Talus et Revêtements

39. A terrain naturel, talus naturels

la stabilité d'un talus étant naturellement liée à la nature des terrains qui le constituent, le profil de ce talus devrait être éminemment variable en fnction de ces terrains et généralement conforme à la pente des talus naturels qui se sont stabilités au cours des siècles.
Il ne faut cependant pas en déduire que dans une région parfaitement plate, la seule pente admissible pour les talus soit nulle, car les divers processus géologiques qui ont pu produire à l'état actuel sont extrêmement variés.
EN résumé, la forme d'un talus dépend d'une part de l'équilibre interne des terrains qui le constituent et, d'autre part, de l'action superficielle de l'érosion, c'est-à-dire de l'écoulement des eaux. Les coteaux qui ont été déblayés par le bas sur les deux versants d'une vallée sous l'effet de l'érosion constituent une référence valable de talus naturels stables : a priori une route tracée au flanc de ces coteaux en réduisant les pentes des talus est en équilibre instable et demande donc des dispositifs spéciaux pour assurer sa stabilité.
Ces dispositifs spéciaux doivent avoir pour effet, soit d'améliorer l'équilibre interne des terrains ,essentiellement en les drainant, soit de les protéger contre les effets de l'érosion superficielle : les forages subhorizontaux, les massifs drainants, etc. remplissent la première fonction ; les plantations, les fascinages, les descentes d'eau remplissent la deuxième ; les perrés, les gabions peuvent les deux à la fois.
En conclusion la pente des talus doit être adaptée à la nature des terrains qui les constituent : pour les talus de déblai en particulier, on aura une bonne référence de la pente admissible en se référant à la pente maximale des talus naturels de la région que l'on peut même mesurer sur la carte ; pour les talus de remblai, étant donné que l'on est davantage maître de leur nature et de leur compacité, on peut, s'ils sont parfaitement exécutés, s'écarter quelques peu de ces pentes naturelles ; dans tous les cas, s'il est nécessaire d'exécuter des talus raide, ceux-ci ne seront stables que l'on assure parfaitement l'écoulement de leurs eaux internes et la protection contre les eaux superficielles. On n'aura évidemment de garantie absolue à ce sujet que s'il s'agit de terrains insensibles à l'eau, c'est-à-dire en général très perméables : il y a plus d'un siècle par exemple, Belgrand avait pu donner les règles suivantes pour les terrains de la région d'Avallon :

  • Dans les argiles supraliasiques, on devra éviter autant que possibles les tracés en coteaux les grands talus en déblai ou en remblai, qui sont toujours glissants, et qui peuvent absorber en travaux dispendieux et presque toujours imprévus, tels que perrés, pierriers, etc. toutes les ressources disponibles.
  • Dans le granite, les terrains oolithiques et même les parties pierreuses du Lias, on peut au contraire tracer sans crainte les chemins dans les coteaux les plus raides ; les éboulements n'y sont jamais à redouter.

40. La nature est hostile par principe à la tenue d'un talus argileux

En effet sur la crête du talus qui a une forme convexe se produisent naturellement des fissures par lesquelles l'eau pourra pénétrer dans le corps du talus. En revanche, la zone concave du pied du talus qui est naturellement en compression ne permet absolument pas à cette eau de s'évacuer : elle s'accumule donc et se met en charge dans le talus jusqu'à sa rupture.
D'une manière générale il est impossible d'obtenir un talus stable si les matériaux qui le constituent parviennent au voisinage de leur limite de liquidité : c'est le cas général pour les talus de remblai non compactés en surface : toute l'eau de pluie est absorbée par ces matériaux foisonnés et dès qu'ils sont suffisamment liquéfiés, ils glissent rapidement vers la base du talus.
Pour les talus de déblai, s'ils ont été décompactés ou remaniés en surface ou si leur mauvais réglage facilite la pénétration des eaux pluviales, et surtout de celle qui peut provenir en abondance des fonds supérieurs, les mêmes incidents peuvent se produire. Cependant pour eux le risque principal est toujours constitué par l'arrivée des eaux internes : si une nappe même très faible ne peut plus s'écouler normalement, les eaux correspondantes vont s'accumuler et saturer le terrain jusqu'à ce que celui-ci s'écoule comme un liquide. Les exemples d'incidents de ce genre sont innombrables et il est rare qu'un chantier en soit protégé : l'argile verte du Sannoisien et l'argile à silex du Sparnacien, en ont donné de multiples exemples lors des travaux de construction de l'autoroute Paris-Lyon. Ce risque est particulièrement grand comme on l'a signalé, si l'on a mis en décharge des matériaux argileux impropres pour l'élargissement de talus de remblai normaux.
En contrepartie il ne faut pas oublier qu'en période sèche des matériaux très argileux, et donc très cohérents, peuvent se tenir pendant de longs mois rigoureusement à la verticale : c'est le cas par exemple pour l'argile verte, ce qui peut faciliter grandement des travaux de consolidation ou de renforcement préalables. D'autres matériaux à la fois cohérents et perméables tels que la craie se tiennent également très bien avec des talus verticaux, et seul le gel entraîne normalement de petits éboulements par plaques de ces talus.

41. Les revêtements de talus sont des questions de mètres carrés et non de mètres cubes

Ceci semble assez évident et les rémunérations correspondantes sont normalement prévues au mètre carré. Il faut cependant considérer que le revêtement le plus courant est constitué par la terra végétale qui est extraite sous forme de mètres cubes de déblai et stockée provisoirement sous forme de mètres cubes de dépôt. On peut être ainsi tenté de faire le bilan global de la terra végétale sur un chantier mais on n'y parviendra jamais, car il n' a guère de cubes aussi changeants.
Ceci provient principalement du fait que les mottes de terre sont le plus souvent de l'ordre du décimètre et que l'épaisseur d'un revêtement de terre végétale compris entre deux surfaces, réglées au décimètre près, n'est pas déterminée avec une meilleure précision. En outre, tant que le gazon ou la végétation n'a pas poussé, cette épaisseur peut varier d'un jour à l'autre et on voit souvent réapparaître le terrain naturel à travers un revêtement théorique de 0,20 à 0,30 m de terre végétale.
D'autre part, en règle générale, le traitement de la terre végétale en revêtement doit être essentiellement différent du traitement d'un terrain utilisé comme remblai : sur le grand terre-plein central par exemple il faut avant tout aérer et herser la terre végétale avant de l'ensemencer, ce qui est le contraire d'un compactage. Pour exécuter ces travaux superficiels il existe d'ailleurs des tours de main très pratiques et qu'il est indispensable de connaître : par exemple, même dans les conditions les plus mauvaises, on peut traiter le revêtement d'un grand terre-plein central au moyen de deux tracteurs agricoles circulant sur les chaussées de part et d'autre de ce terre-plein et traînant ainsi sur toute sa largeur les herses ou les autres appareils aratoires.

42. La stabilité des talus ne pose de problèmes que si l'écoulement des eaux en pose

Ceci résulte de tout ce que nous venons d'exposer : les effets de l'érosion sont les plus évidents ; l'écoulement des eaux internes ne pose pas un problème aussi général mais il peut entraîner de plus gros accidents et de toute façon il influe sur la pente du talus qui peut se trouver très réduite par rapport à l'angle de frottement interne des matériaux, sinon même annulée lorsque les matériaux parviennent à leur limite de liquidité.
En terrains très perméables il n'y a ainsi aucun problème de stabilité interne mais en contrepartie sur ces terrains qui ne retiennent pas du tout l'eau il sera très difficile de faire pousser de la végétation et dans ces conditions l'érosion pourra causer des dégâts plus importants.
Au contraire, comme on l'a vu pour l'argile ou la craie, les sols doués d'une forte cohésion peuvent admettre des pentes beaucoup plus raides tant qu'il est possible de leur maintenir cette cohésion.
Dans tous les cas, et quelle que soit sont origine, il convient toujours d'évacuer l'eau par les voies les plus directes, c'est-à-dire suivant la ligne de plus grande pente, qu'il s'agisse du drainage des eaux internes ou des descentes d'eau pour les eaux superficielles.

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