S'abonner à un flux RSS
 

Site d'Aytré - Expertise des zones de solidarité Xynthia

De Wikigeotech
Version du 14 février 2013 à 15:59 par Iméne Benyoucef (discuter | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)

Sommaire

Eléments de contexte


La commune


La commune d'Aytré est située immédiatement au sud de La Rochelle, dans la communauté d'agglomération de la Rochelle. Elle compte aujourd'hui plus de 9000 habitants et abrite avec la société Alstom une impor­tante activité de matériel ferroviaire. L'usine emploie 1200 salariés : c'est le plus important établissement in­dustriel de Charente-Maritime. Quelques ostréiculteurs sont présents sur le littoral. L’activité touristique est restée modeste malgré la présence de 3,5 kilomètres de plages.
Le front de mer d'Aytré est constitué, autour de l'anse de Godechaud, par un cordon dunaire conforté et rema­nié par l'homme au bord d'un marais partiellement urbanisé. Sa crête dépasse 5,00 m NGF au droit de la rue de la Plage mais s'abaisse au nord jusqu'à moins de 4,00 m NGF au niveau du jardin public et des parcs de stationnement aménagés à proximité de la halte SNCF et face à l'hôtel des Mouettes, pour remonter légèrement (4,50 m) au niveau des exploitations ostréicoles de l'anse de Godechaud, jusqu’à la petite falaise rocheuse de la Pointe du Roux. De même, au sud, la dune s'abaisse régulièrement au niveau des campings pour atteindre 4 m NGF environ au début de la digue de la Colonelle qui protège les marais d'Angoulins.
En arrière, la voie SNCF, dont le remblai se situe entre 5,00 m NGF (au nord) et 4,00 m NGF au sud constitue, de facto, une digue de second rang percée de plusieurs passages inférieurs au nord de la gare SNCF, soit pour le passage de fossés de drainage, soit pour des passages piétons.


La tempête Xynthia

Le cordon dunaire a été submergé au nord (rue des Claires) et au sud sur la commune d'An­goulins où l'altitude des crêtes de digue est d'environ 4,20m. Des venues d'eau de moindre ampleur ont été observées face à la gare et, de manière très limitée, via les chemins d'accès à l'océan depuis la rue de la Plage. Les vagues ont provoqué une érosion significative, notamment à hauteur de la gare et sur Angoulins, au sud du site.
Les terrains situés entre le cordon dunaire et la voie ferrée ont été inondés. Dans le quartier Godechaud (au nord) l'eau semble avoir quelque peu dépassé la côte 4,50 sous l'effet du « run-up »1 ; les maisons indivi­duelles y ont été inondées par plus d'un mètre d'eau ; route de la Plage, cette cote n'a pas été tout à fait at­teinte. Le quartier situé derrière la gare,à l'est de la voie ferrée, notamment rue des Vanneaux et cité Ron­deau a été inondé à la cote 3,50 m NGF environ, soit quelques dizaines de centimètres d'eau. L'eau a franchi le remblai de la voie ferrée par les passages inférieurs ( ouvrages hydrauliques, passage piétons du chemin de la Galère) et par submersion, en partie sud du site où la voie s'abaisse vers 4,00 NGF.
La montée des eaux a été particulièrement rapide rue de la Plage où l'on a déploré trois décès. Il semble que l'essentiel des venues d'eau se soit produit, relativement tard, au moment où l'eau a atteint la crête des digues à Angoulins : elle s'est déversée en grande quantité sur une longueur de plusieurs centaines de mètres, inon­dant le marais, et s'est écoulée dans la cuvette étroite, entre voie ferrée et dune littorale, dont la route de la Plage occupe le fond. L'altitude du sol étant comprise entre 2,10 et 3,50 m NGF, l'eau est montée jusqu'à 2 m à l'intérieur de certains logements.
Entre la voie ferrée et le rivage, les hauteurs d'eau constatées lors de Xynthia correspondent à l'évènement de référence.
En arrière de la voie ferrée, la hauteur d'eau atteinte aurait pu être plus élevée si le remblai de la voie, qui n'a pas été conçu pour servir de digue, avait été écrêté par les écoulements comme cela s'est produit plus au sud sur Châtelaillon, Yves, Vergeroux et Saint Laurent de la Prée.


les zones de solidarité

les zones de solidarite
Des zones de solidarité ont été délimitées le long du front de mer d'Aytré : elles correspondent aux sites où, dans leur majorité, les habitations ont été inondées par plus d'un mètre d'eau. Selon la DDFIP, la zone contient 87 biens dont 44 résidences principales, 33 résidences secondaires et 10 commerces dont un hôtel. Au 7 décembre 2010, 55 propriétaires avaient accepté les offres de l'Etat pour un montant de 22 M€. Pour leur part, les experts ont identifiés 63 immeubles d'habitation dont 53 avec accord amiable.

Diagnostic

diagnostic

Etat des lieux

etat des lieux
En cas de renouvellement d'un événement de type Xynthia, nous retiendrons que la cote du plan d'eau peut atteindre 4,50m NGF. La houle d'ouest, canalisée par le pertuis de Maumusson peut parvenir à Aytré à une hauteur de l'ordre de 2m et, lors des plus grandes marées, déferler sur le cordon dunaire qui borde la plage. Lors de Xynthia, cette houle n'a pas submergé le cordon, quelques modestes entrées d'eau se sont produites par les accès à la plage qui forment de petites encoches. Celles ci pourraient être plus importantes en cas de tempête de secteur ouest et occasionner des débits significatifs. La cote nord (quartier Godechaux) est moins exposée aux vagues mais a été submergée en raison de son altitude plus faible.

Les protections sont constituées sur le territoire de la commune d'Angoulins par la digue de la Platerre et la digue de La Colonelle et sur Aytré par le cordon dunaire dont l'altitude est supérieure à 5,00m NGF au droit de la plage. Le secteur nord de Godechaud ne dispose que de quelques enrochements destinés à stabiliser le trait de cote, sans effet sur les submersions.
La digue de la Colonelle constitue un point vulnérable du dispositif: elle est très exposée aux tempêtes de secteur ouest et la faiblesse de sa structure fait courir le risque d'ouverture de brèches de grandes dimensions. Réparée par le Conseil Général au printemps 2010, elle a subi des dommages significatifs lors des tempêtes de l'automne qui a suivi.

Le remblai de la voie ferré fait obstacle à la propagation des inondations. Toutefois, il est percé au nord du site par un passage inférieur pour piétons (rue de la Galère) et par un ouvrage hydraulique; au sud, son altitude s'abaisse vers 4,00 NGF et il peut être submergé : les quartiers situés à l'est de la voie ferrée restent inondables. Lors de Xynythia, le niveau de l'eau y a été moindre que coté plage mais pourrait être plus important à l'avenir si une brèche se formait dans le remblai, comme cela s'est produit plus au sud. Ces quartiers, partiellement classés en zone de prescription (zone jaune) constituent un enjeu important de sécurité publique.


Les perspectives de réduction de la vulnérabilité


Le quartier de Godechaud a désormais une vocation essentiellement ostréicole qui peut s 'accommoder des colères de l'océan. On y trouvait une dizaine de logements qui, à l'exception de l'un d'entre eux, une maison particulièrement exposée au bord du rivage, ont donné lieu à acquisition amiable par l'Etat. Situé en limite du quartier, le long de la voie ferrée, à un endroit où celle-ci est insubmersible, l'hôtel des Mouettes a cessé son activité. Seul le niveau inférieur du bâtiment, partiellement enterré, est inondable.
Il n'est pas envisagé par les collectivités territoriales, sur cette partie du site, d'autres actions que celles néces­saires à la stabilité du trait de côte. La conservation d'une urbanisation dans le quartier qui borde de la rue de la Plage, entre cordon littoral et voie ferrée nécessiterait que l'endiguement du site soit rendu insubmersible en toutes circonstances. Le problème est d'obtenir une fiabilité absolue dans la mesure où il s'agit d'une cuvette profonde (jusqu'à 2 mètres) et de faible volume (de l'ordre de 120 000 m3 ) : une brèche de faible dimension telle que ce qui peut se produire à l'occasion de la pose d'une canalisation suffirait à remplir le site en une demi-heure. Les experts n'ont pas de solution satisfaisante à proposer. Il est certainement préférable de rechercher une utilisation du site compatible avec sa vulnérabilité et d'achever les acquisitions programmées au titre de la zone de solidarité, d'autant que la grande majorité des propriétaires a déjà accepté à l'amiable l'offre d'acquisition de l'Etat. La réduction de la vulnérabilité des quartiers situés en arrière de la voie ferrée est à la fois possible et très souhaitable dans la mesure où l'enjeu est de plusieurs centaines d'habitations. A défaut ces quartiers pour­raient connaître à l'avenir des inondations plus graves que lors de Xynthia. Il est nécessaire, pour sécuriser ces quartiers :

  • d'équiper les passages inférieurs de la voie ferrée de clapets ou de batardeaux pour éviter les venues d'eau intempestives,
  • de conforter le remblai de la voie ferrée et de le doubler par une rehausse pour qu'il ne soit plus fran­chissable par les écoulements. Dans la mesure du possible, une solution indépendante de l'ouvrage ferroviaire devra être recherchée,
  • de conforter les digues de premier rang, à la Colonelle et à la Platerre pour qu'elles ne risquent pas d'être écrêtées par les paquets de mer.

Il n'est pas souhaitable de chercher à les rehausser pour les rendre infranchissables, à la fois parce que, vu la taille des vagues prévisible, la hauteur nécessaire serait très élevée (supérieure à 7,00 m NGF) et parce que cela aggraverait les effets de cuvette. Une double protection, sur le rivage pour briser les vagues, au niveau de la voie ferrée pour l'étanchéité permettra d'atteindre une sécurité optimale.
Le coût total de ces protections pourrait être de l'ordre de 4 M€ sur Aytré et Angoulins pour conforter 2 km de digue à la mer (Platerre et Colonelle), 1 km de remblai ferroviaire et deux passages inférieurs.


Conclusions

La mise eu point du programme des travaux est de la compétence des collectivités territoriales, notamment le département de Charente-Maritime qui en assureront la maîtrise d'ouvrage.
La délimitation des acquisitions foncières qui resteront nécessaires sera faite au vu de ce programme.


Retour à la page générale "Expertise des zones de solidarité Xynthia en Charente-Maritime" : (présentation de la mission, éléments de contexte, l'évènement de référence, les critères de dangerosité pouvant justifier une expropriation, les différents sites expertisés)


Outils personnels