S'abonner à un flux RSS
 

Réservoir linéaire (modèle du) (HU) : Différence entre versions

De Wikigeotech
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
''<u>Traduction anglaise</u> : Linear reservoir''
 
''<u>Traduction anglaise</u> : Linear reservoir''
 +
 +
<u>Dernière mise à jour</u> : 8/1/2020
  
 
Fonction de transfert très simple largement utilisée en hydrologie urbaine pour représenter la transformation d'un [[Hydrogramme (HU)|hydrogramme]] de [[Pluie nette (HU)|pluie nette]] en hydrogramme à l'exutoire.
 
Fonction de transfert très simple largement utilisée en hydrologie urbaine pour représenter la transformation d'un [[Hydrogramme (HU)|hydrogramme]] de [[Pluie nette (HU)|pluie nette]] en hydrogramme à l'exutoire.
Ligne 25 : Ligne 27 :
  
  
<center><math>Q_s(t) = Q_s(0).e^{-t/K} + \frac{1}{K}\int{Q_e(u).e^{-(t-u)/K}.du} +Q_b</math></center>
+
<center><math>Q_s(t) = Q_s(0).e^{-t/K} + \frac{1}{K}\int{Q_e(u).e^{-(t-u)/K}.du} +Q_b\quad(3)</math></center>
  
  
 
Avec
 
Avec
  
* <math>Q_s(0)</math> : débit à t = 0 résultant par exemple d’un écoulement précédent ;
+
* <math>Q_s(0)</math> : débit à <math>t = 0</math> résultant par exemple d’un écoulement précédent ;
 
* <math>Q_b</math> : débit de base permanent éventuel.
 
* <math>Q_b</math> : débit de base permanent éventuel.
  
D’un point de vue théorique, le paramètre <math>K</math> correspond au décalage temporel des centres de gravité de <math>Q_e(t)</math> et <math>Q_s(t)</math>. D’après l’équation ci-dessus, [[Hydrogramme unitaire instantané / HUI (HU)|l’hydrogramme unitaire instantané]] du modèle est :
+
D’un point de vue théorique, le paramètre <math>K</math> correspond au décalage temporel des centres de gravité de <math>Q_e(t)</math> et <math>Q_s(t)</math>. D’après l’équation (3), [[Hydrogramme unitaire instantané / HUI (HU)|l’hydrogramme unitaire instantané]] du modèle est :
  
  
  
<center><math>O(t) = \frac{1}{K}.e^{-t/K}</math></center>
+
<center><math>O(t) = \frac{1}{K}.e^{-t/K}\quad(4)</math></center>
  
  
Ligne 81 : Ligne 83 :
  
  
<center><math>Q_s(t) = \sum_{i=1}^n{Q_{ei}.\lgroup1-e^{-Δt/K}\rgroup} +Q_s(0)</math></center>
+
<center><math>Q_s(t) = \sum_{i=1}^n{Q_{ei}.\lgroup1-e^{-Δt/K}\rgroup} +Q_s(0)\quad(5)</math></center>
  
 
   
 
   
Ligne 88 : Ligne 90 :
  
  
<center><math>Q_{si} = e^{-Δt/K}.Q_{si-1}+(1-e^{-Δt/K}).Q_{ei}</math></center>
+
<center><math>Q_{si} = e^{-Δt/K}.Q_{si-1}+(1-e^{-Δt/K}).Q_{ei}\quad(6)</math></center>
  
  
 
== Valeur du paramètre K ==
 
== Valeur du paramètre K ==
  
De nombreuses relations empiriques ont été proposées pour déterminer le paramètre K pour ded bassins versants non jaugés. En France, on utilise généralement divers ajustements proposés par Desbordes (1974) comme, par exemple :
+
De nombreuses relations empiriques ont été proposées pour déterminer le paramètre K pour des bassins versants non jaugés. En France, on utilise généralement divers ajustements proposés par Desbordes (1974) comme, par exemple :
  
 
<math>K = 5,93.A^{0,441}</math>
 
<math>K = 5,93.A^{0,441}</math>
Ligne 111 : Ligne 113 :
  
 
Les équations de prédétermination de K peuvent être utilisées au stade des projets ou des simulations de réseaux existants à condition que le bassin ne comporte pas d’ouvrages importants de stockage des eaux pluviales.
 
Les équations de prédétermination de K peuvent être utilisées au stade des projets ou des simulations de réseaux existants à condition que le bassin ne comporte pas d’ouvrages importants de stockage des eaux pluviales.
 +
 +
== Conclusions générales sur le modèle ==
 +
 +
Le modèle du réservoir linéaire, sous sa forme la plus simple, apparaît bien adapté à des situations assez variables allant de petits bassins versants fortement urbanisés à des bassins versants de plusieurs centaines d'hectares. La surprenante aptitude d'un modèle linéaire très simple à représenter des phénomènes complexes et fortement non linéaires semble avoir des origines multiples.
 +
 +
* On peut par exemple avancer que la combinaison de transformations élémentaires non linéaires, spatialement distribuées, et isolées par des singularités, peut conduire à une transformation globale approximativement linéaire. Dans ce cas, le modèle pourrait être alors physiquement adéquat du moins dans certaines conditions.
 +
* On peut aussi penser que les bonnes performances du modèle peuvent être dues à la complexité même des systèmes urbains de collecte et d'évacuation des eaux pluviales. Les contraintes urbanistiques, techniques, financières, voire administratives, dans la réalisation des réseaux semblent en effet conduire à une certaine régularité de la géométrie des surfaces urbaines et des réseaux de collecte [Thibault, 1987].
 +
 +
En tout état de cause, l'utilisation de ce modèle pour simuler des bassins versants urbanisés, équipés de réseaux d'assainissement relativement développés, et dont la surface est comprise entre quelques hectares et quelques centaines d'hectares paraît totalement justifiée (O'Loughlin ''et al'', 1996)
 +
 +
 +
<u>Bibliographie</u> :
 +
 +
* Desbordes M. (1974) : "Réflexions sur les méthodes de calcul des réseaux urbains d'assainissement" ; thèse DI ; Université des Sciences et Techniques du Languedoc ; Montpellier ; 171p. ; 1974.
 +
* O'Loughlin, G., Huber, W. and Chocat, B. (1996) : Rainfall-Runoff Processes And Modelling; Journal of Hydraulic Research, Vol. 34, 1996, No. 6, pp. 733-751
 +
* Thibault S. (1979) : Eléments pour une phénoménologie en hydrologie urbaine ; thèse Docteur ingénieur ; INSA Lyon -France ; 361 p. ; 1979.
  
 
[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]
 
[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]

Version du 8 janvier 2020 à 15:34

Traduction anglaise : Linear reservoir

Dernière mise à jour : 8/1/2020

Fonction de transfert très simple largement utilisée en hydrologie urbaine pour représenter la transformation d'un hydrogramme de pluie nette en hydrogramme à l'exutoire.

Sommaire

Formulation mathématique

Il s’agit d’un modèle « à contrôle aval » qui repose sur l’équation de continuité (1) et sur une équation de stockage (2) :


$ \frac{dV_s}{dt} = Q_e(t) – Q_s(t)\quad(1) $


$ Vs(t) = K . Q_s(t)\quad(2) $

  Avec :

  • $ Vs(t) $ : stockage à l’instant t ;
  • $ Qs(t) $ : débit à l’exutoire à l’instant t ;
  • $ Qe(t) $ : débit entrant ;
  • $ K $ : paramètre du modèle, homogène à un temps.

La combinaison de ces deux équations conduit à une équation différentielle du premier ordre, dont la solution pour $ K $ constant est :


$ Q_s(t) = Q_s(0).e^{-t/K} + \frac{1}{K}\int{Q_e(u).e^{-(t-u)/K}.du} +Q_b\quad(3) $


Avec

  • $ Q_s(0) $ : débit à $ t = 0 $ résultant par exemple d’un écoulement précédent ;
  • $ Q_b $ : débit de base permanent éventuel.

D’un point de vue théorique, le paramètre $ K $ correspond au décalage temporel des centres de gravité de $ Q_e(t) $ et $ Q_s(t) $. D’après l’équation (3), l’hydrogramme unitaire instantané du modèle est :


$ O(t) = \frac{1}{K}.e^{-t/K}\quad(4) $


Le maximum de l’opérateur $ O(t) $ se produit à $ t=0 $ (Voir figure 3) et l’on peut donc s’attendre à ce que le modèle réponde plus rapidement que la réalité. D’un point de vue physique, l’équation de l’hydrogramme unitaire instantané est analogue à la décharge transitoire d’un condensateur électrique. C’est la raison pour laquelle le modèle agit comme un filtre « passe-bas » des pluies entrées du modèle en amortissant les composantes de hautes fréquences de ces pluies.

Figure 3 : Représentation de la fonction $ O(t) $.


Utilisation pratique

La fonction $ Q_e(t) $ n'est généralement pas connue sous une forme analytique ; elle doit donc être approchée par une fonction simple pour permettre l'intégration du modèle. La démarche la plus courante consiste à la représenter par une fonction en escalier, discrétisée sur un pas de temps constant. La figure 4 présente une telle décomposition.

Figure 4 : Discrétisation du débit à l'entrée.

Sur le plan analytique, la fonction $ Q_e(t) $ peut alors être écrite comme une succession de $ n $ segments horizontaux de droites :

$ Q_e(t) $ = $ Q_{e1} $ si $ 0 ≤ t < Δt $

$ Q_e(t) $ = $ Q_{e2} $ si $ Δt ≤ t < 2.Δt $

...

$ Q_e(t) $ = $ Q_{ei} $ si $ (i-1).Δt ≤ t < i.Δt $

...

$ Q_e(t) $ = $ Q_{en} $ si $ (n-1)Δt ≤ t < n.Δt $


Il est alors facile d'intégrer $ Q_s(t) $ :


$ Q_s(t) = \frac{1}{K}\int{Q_e(u).e^{-(t-u)/K}.du} +Q_s(0) $


$ Q_s(t) = \frac{1}{K}\sum_{i=1}^n{\int_{(i-1).Δt}^{i.Δt}{Q_{ei}.e^{-(i.Δt-u)/K}.du}} +Q_s(0) $


$ Q_s(t) = \frac{1}{K}\sum_{i=1}^n{Q_{ei}.\lgroup-K.e^{(i.Δt-u)/K}\rgroup_{(i-1)Δt}^{i.Δt}} +Q_s(0) $


soit finalement :


$ Q_s(t) = \sum_{i=1}^n{Q_{ei}.\lgroup1-e^{-Δt/K}\rgroup} +Q_s(0)\quad(5) $


En posant $ Q_{si} = Q_{s(i.Δt)} $, on obtient ainsi une formule de récurrence facile à utiliser :


$ Q_{si} = e^{-Δt/K}.Q_{si-1}+(1-e^{-Δt/K}).Q_{ei}\quad(6) $


Valeur du paramètre K

De nombreuses relations empiriques ont été proposées pour déterminer le paramètre K pour des bassins versants non jaugés. En France, on utilise généralement divers ajustements proposés par Desbordes (1974) comme, par exemple :

$ K = 5,93.A^{0,441} $

$ K = 0,494.A^{-0,0076}.IMP^{-0,512}.I^{-0,401}.L^{0,608} $

$ K = 3,55.A^{0,27}.(1 + IMP)^{-1,9}.I^{-0,36}.L^{0,15}.D_p^{0,21}.H_p^{-0,07} $

avec :

  • $ A $ : surface du bassin versant (hectares) ;
  • $ D_p $ : durée de la période de "pluie critique" du bassin (de l'ordre de grandeur du temps de réponse du bassin)(mn) ;
  • $ H_p $ : hauteur de pluie pendant cette durée (mm) ;
  • $ I $ : pente du plus long parcours (%) ;
  • $ IMP $ : coefficient d'imperméabilisation (%) ;
  • $ L $ : longueur du plus long parcours de l'eau (collecteur principal) (m).

Les équations de prédétermination de K peuvent être utilisées au stade des projets ou des simulations de réseaux existants à condition que le bassin ne comporte pas d’ouvrages importants de stockage des eaux pluviales.

Conclusions générales sur le modèle

Le modèle du réservoir linéaire, sous sa forme la plus simple, apparaît bien adapté à des situations assez variables allant de petits bassins versants fortement urbanisés à des bassins versants de plusieurs centaines d'hectares. La surprenante aptitude d'un modèle linéaire très simple à représenter des phénomènes complexes et fortement non linéaires semble avoir des origines multiples.

  • On peut par exemple avancer que la combinaison de transformations élémentaires non linéaires, spatialement distribuées, et isolées par des singularités, peut conduire à une transformation globale approximativement linéaire. Dans ce cas, le modèle pourrait être alors physiquement adéquat du moins dans certaines conditions.
  • On peut aussi penser que les bonnes performances du modèle peuvent être dues à la complexité même des systèmes urbains de collecte et d'évacuation des eaux pluviales. Les contraintes urbanistiques, techniques, financières, voire administratives, dans la réalisation des réseaux semblent en effet conduire à une certaine régularité de la géométrie des surfaces urbaines et des réseaux de collecte [Thibault, 1987].

En tout état de cause, l'utilisation de ce modèle pour simuler des bassins versants urbanisés, équipés de réseaux d'assainissement relativement développés, et dont la surface est comprise entre quelques hectares et quelques centaines d'hectares paraît totalement justifiée (O'Loughlin et al, 1996)


Bibliographie :

  • Desbordes M. (1974) : "Réflexions sur les méthodes de calcul des réseaux urbains d'assainissement" ; thèse DI ; Université des Sciences et Techniques du Languedoc ; Montpellier ; 171p. ; 1974.
  • O'Loughlin, G., Huber, W. and Chocat, B. (1996) : Rainfall-Runoff Processes And Modelling; Journal of Hydraulic Research, Vol. 34, 1996, No. 6, pp. 733-751
  • Thibault S. (1979) : Eléments pour une phénoménologie en hydrologie urbaine ; thèse Docteur ingénieur ; INSA Lyon -France ; 361 p. ; 1979.
Outils personnels