S'abonner à un flux RSS
 

Le Rhône en 100 questions : 9-01 Comment le patrimoine du Rhône naturel a-t-il évolué ?

De Wikigeotech
Version du 23 novembre 2012 à 15:43 par Admin60 (discuter | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.











Comme la plupart des fleuves européens, le Rhône a été soumis aux interventions humaines. Sa puissance a cependant longtemps fait hésiter les riverains qui n’ont pu l’affronter efficacement que lorsqu’ils ont disposé de moyens techniques à la hauteur de l’enjeu.


Comment le Rhône naturel fonctionnait-il ?


[[Image:la_plaine_alluviale_du_rhone_[bregnier_cordon].jpg|center|thumb|200px|la plaine alluviale du rhone [bregnier cordon]]]Les eaux, accélérées par la pente du lit, possédaient un pouvoir érosif considérable lors des crues. Ces dernières redessinaient
localement le cours du fleuve, déplaçant latéralement le chenal, ouvrant un bras secondaire, recoupant un méandre, effaçant un banc de gravier pour le placer ailleurs…
Les crues maintenaient ainsi dans la plaine alluviale toute une mosaïque de milieux divers : chenal principal, bras secondaires, bras morts, anciens méandres, îles, bancs de graviers, marais, forêt alluviale…
Cette grande diversité d’habitats abritait un grand nombre d’organismes : l’axe fluvial pour les espèces capables de résister au courant; les bras latéraux, au courant ralenti, favorables au développement des jeunes alevins; les bras morts dont l’eau pure est recherchée par les espèces les plus exigeantes; les bancs de graviers colonisés par une végétation pionnière éphémère éliminée par la crue; les anciens méandres pour les espèces d’eau stagnante; marais et forêts alluviales pour les espèces terrestres liées à l’eau (fig. 1).

Cette dynamique fluviale entretenait un écosystème complexe donc résistant. La diversité des formes associée à une biodiversité élevée représentait la vraie valeur patrimoniale du Rhône naturel. La puissance des crues et la largeur de la plaine alluviale constituaient un système naturel de régulation de la ressource en eau (recharge des nappes lors des crues).


Comment fonctionne-t-il aujourd’hui ?


la plaine alluviale de chautagne
Les premiers grands travaux d’endiguement ont provoqué une chenalisation du lit, notamment à l’aval de Lyon avec le « système Girardon ». Les aménagements hydroélectriques réalisés par la suite ont transformé le fleuve en un escalier de dix-neuf barrages.
Le ralentissement du courant dans les retenues s’est traduit par une modification de la qualité de l’eau, une sédimentation accrue des limons et des sables, accompagnées par une modification profonde des populations animales (poissons et invertébrés), aujourd’hui dominées par des espèces communes. Le cloisonnement du cours a multiplié les obstacles à la circulation des poissons ; les grands migrateurs disparaissent progressivement comme l’alose et l’anguille. La suppression quasi-totale des connexions transversales par les endiguements réduit les flux d’organismes au sein de la plaine alluviale. La simplification des flux hydriques au sein de l’hydrosystème modifie la diversité et l’intensité des connexions verticales. Le Rhône, en partie maîtrisé, n’entretient plus la diversité des milieux dans l’espace alluvial. L’ensemble des milieux annexes que le fleuve non aménagé savait créer, disparaissent.
L’écosystème est aujourd’hui simplifié (fig. 2), il a perdu sa complexité et sa résistance et subit les pollutions engendrées par l’aménagement intensif de sa plaine alluviale.
Face à ces constats, les acteurs du bassin, poussés par les associations de protection de la nature, ont lancé en 1998 un programme de restauration du fleuve qui a été repris par le Plan Rhône de 2006. Il vise à modifier les débits à l’aval des barrages, à restaurer d’anciens bras latéraux et la circulation des migrateurs. Un suivi scientifique permet d’apprécier les évolutions physiques et biologiques découlant de ces actions de restauration du fleuve.
petite argence

Ce qu’il faut retenir


Le véritable patrimoine naturel des grands fleuves européens - Rhin, Rhône, Danub - était représenté principalement par l’existence d’une large plaine alluviale offrant une diversité d’habitats très importante associée à un fonctionnement complexe impliquant une très grande diversité d’organismes.
La domestication de ces cours d’eau en a fortement altéré le fonctionnement et a contribué à leur uniformisation.
Des actions de restauration sont aujourd’hui entreprises pour redonner une nouvelle dynamique écologique au Rhône.



question précédente |retour au sommaire | question suivante


Outils personnels