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Le Rhône en 100 questions : 3-01 Quels sont les principaux aménagements présents sur le fleuve et dans sa vallée ?

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le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.










Un fleuve comme le Rhône, si important depuis l’Antiquité pour le trafic effectué de la Méditerranée à la mer du Nord, ne pouvait qu’attirer et fixer les aménagements, pour son franchissement et pour la navigation.

La vallée du Rhône, un lieu d’innovation de niveau mondial dans le domaine de l’ingénierie des ponts.

Aux passerelles et ponts à câbles de Marc Seguin, malheureusement détruits (celui de Tain-Tournon construit en 1825 et démoli en 1963), succédèrent de beaux ouvrages comme le pont suspendu de Rochemaure, récemment classé, le premier pont à haubans sur le canal de dérivation de Donzère-Mondragon (1952), le plus grand viaduc en béton précontraint au pont SNCF de La Voulte (1955).




Sommaire

Le franchissement du fleuve


le pont de rochemaure
Il a connu plusieurs phases rythmées par les développements de la technologie :
  •  En premier lieu, le franchissement à pied par des gués, préférentiellement localisés sur les seuils caillouteux. À l’époque moderne, les gués ont été délaissés au profit des bacs ; utiles pour franchir les fortes profondeurs, ils cessaient leur activité pendant la crue. De cette période n’ont subsisté que quelques pylônes de bacs à traille (câble tendu entre deux rives, retenant le bac par une poulie).
  •  Ensuite les ponts, apanage des villes ou de riches communautés riveraines, créaient un lien fixe et permanent, quelle que fût la hauteur des eaux. Les ponts ont permis d’intenses échanges transversaux depuis l’époque romaine. Dans le passé, les crues ont localement remis en cause ces liens, comme à Lyon (le pont de bois de la Guillotière détruit plusieurs fois au xve siècle, puis le pont de pierre détruit par une crue en 1570) et à Avignon (le pont Saint-Bénézet détruit en 1669) ; les dégâts de la dernière guerre mondiale ont imposé la réfection de quasiment tous les ponts.


Les aménagements longitudinaux


le barrage de bellegarde
Ils sont représentés par les digues édifiées en surélévation sur la plaine pour lutter contre les inondations, ramener le courant vers l’axe du fleuve et souvent pour faciliter la circulation. Ces levées ont été construites depuis le XVe siècle par des communautés rurales, puis au XIXe siècle par des syndicats de riverains et de grands propriétaires. On les qualifie de « chaussées en terre » dans la moyenne vallée du Rhône où elles forment un linéaire de 100 km vers 1860, de 300 km vers 1880, mais ne protégent que partiellement la plaine (30 000 ha). La protection est plus ancienne et élaborée sur le Bas-Rhône où plus de 300 km de digues, édifiées depuis au moins le XIIe siècle, protègent environ 165 000 ha, en particulier en Camargue.




La construction de la voie fluviale


À cette série d’ouvrages succède à partir des années 1840 la grande entreprise de construction de la voie fluviale dans le lit même du fleuve. La technique retenue dans les années 1860 (le resserrement du lit entre des digues longitudinales et hautes) fut abandonnée au profit du « système » Girardon conçu et perfectionné à partir de 1884 : tenons, traverses et digues basses construisent un chenal stable et à la profondeur régulière (plus de 1,60 m), qui sera le Rhône marinier jusqu’aux années 1950, celles de l’aménagement hydroélectrique par la Compagnie nationale du Rhône (CNR).


Les grands aménagements à but énergétique


le barrage usine de cusset
Ils ont débuté en 1871 sur le site des Pertes du Rhône à Bellegarde où des turbines actionnent des poulies. Ils se sont continués avec l’aménagement hydroélectrique de Jonage-Cusset (1899), destiné à l’approvisionnement énergétique de Lyon, qui possède un caractère très innovant pour l’époque avec sa dérivation canalisée longue de 18 km.

Si l’ouvrage de Génissiat (1948) est de type montagnard avec son long réservoir et une chute de 75 m, quasiment tous les autres ouvrages jusqu’à la basse vallée sont à dérivation à l’image de Jonage-Cusset. Ils sont inaugurés entre 1952 et 1980 à l’aval de Lyon, puis entre 1981 et 1986 sur le Haut Rhône.





Les voies de communication nord-sud


Elles jouent un rôle économique essentiel. Les voies ferrées se sont glissées le long du fleuve, en premier lieu la voie ferrée P.L.M. (Paris-Lyon-Marseille), achevée en 1857, qui ruine la batellerie par une politique tarifaire offensive malgré les efforts de l’État ; elle est ensuite doublée en rive droite par la voie ferrée Givors-Nîmes, le tronçon Lyon-Givors, qui achemine le charbon stéphanois, ayant été l’un des premiers de France (1827). Ce faisceau est complété par de grandes routes nationales (N7 et N86) et enfin par l’autoroute A7 dans les années 1960, qui ont pris le relais des antiques chemins de roulage.

entree dans lyon

Le Rhône est une ressource majeure en tant que pourvoyeur d’eau


  • L’irrigation était l’une des trois missions de la CNR, dès sa fondation en 1934. Dès 1952, les grandes plaines agricoles qui jalonnent le Rhône font l’objet de remembrements et de grands travaux d’hydraulique agricole, comme dans la plaine de Donzère.
  • À l’initiative de Philippe Lamour, la Compagnie Nationale d’Aménagement de la Région du Bas-Rhône et du Languedoc 'CNARBRL', (devenue BRL en 1993) a été créée par décret en 1955, avec la mission d’irriguer le Languedoc oriental et de diversifier des productions trop exclusivement tournées vers la viticulture. Dès 1960, la station de pompage de Pichegu peut relever 75 m3/s du canal qui dérive l’eau du Rhône en amont d’Arles, irriguer 66 000 ha grâce à 170 km de canaux à ciel ouvert et sécuriser l’alimentation des villes en eau potable. Plus de 40 ans après, le bilan est mitigé, puisque seulement 10 % de la capacité du système sont utilisés.
  • Plus significative est la ponction opérée aux dépens de la Durance, et donc du Rhône, par les aménagements de la Société du Canal de Provence. La concession d’eau à l’agriculture est passée de 80 m3/s en 1875 à 115 m3/s au milieu du xxe siècle (75000 ha) ; la superficie des périmètres irrigués a encore augmenté avec la construction du canal de Provence et, outre celle de Marseille, l’alimentation du littoral varois au fort développement touristique et urbain. Enfin, la dérivation du canal de la Durance vers l’étang de Berre a pour effet de réduire le débit de la Durance au confluent du Rhône d’une valeur moyenne de 38 m3/s correspondant au rejet annuel de 1,2 milliard de m3 désormais autorisé dans l’étang de Berre. Le débit moyen interannuel de la Durance à sa confluence avec le Rhône représente ainsi de l’ordre de 150 m3/s mais il peut être extrêmement fluctuant, entre le débit réservé, près de 5 m3/s, et plusieurs milliers de m3 en crue.
  • Mentionnons enfin les prélèvements d’eau pour les villes (10 m3/s sont destinés à l’agglomération lyonnaise en été), pour les industries et surtout pour le refroidissement des centrales nucléaires ; il est vrai que l’essentiel de cette eau, non « consommée», est restitué au fleuve (voir question 04-04 « Les activités industrielles prélèvent-elles beaucoup d’eau dans le Rhône »).


La production de granulat


Le Rhône a enfin été une ressource importante en granulats à l’époque où les apports de l’amont paraissaient inépuisables. Les extractions sont aujourd’hui reportées en lit majeur ou au-delà.

carriere a sault brenaz

Ce qu’il faut retenir


Les aménagements du Rhône ont d’abord concerné son franchissement (gués, bacs, ponts) puis la protection contre les inondations avec les digues, utilisées aussi comme voie terrestre. L’ère industrielle a suscité des aménagements à but énergétique dès 1871 à Bellegarde. Ils ont pris toute leur importance avec les aménagements de production hydroélectrique et nucléaire. L’eau du Rhône sert aussi à l’irrigation grâce à des canaux, vers le Languedoc et sur la Durance.




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