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Le Rhône en 100 questions : 6-01 L’eau du Rhône est-elle de bonne qualité ?

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le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.










La qualité d’un fleuve ou d’une rivière est une notion difficile à appréhender. Qualité pour qui, pour quoi ? Certains s’intéressent à l’aspect sanitaire au regard de la baignade ou des besoins en eau potable, d’autres à la valeur paysagère, d’autres encore à la vie aquatique et à la pêche, avec des critères d’appréciation différents selon qu’on porte l’attention sur la quantité de prises de poissons ou sur la capture d’espèces recherchées.



Parler de qualité du Rhône suppose donc un minimum de connaissance des moyens d’évaluation et les conditions et modalités de leur mise en oeuvre sur le fleuve.

Sommaire


Des altérations et perturbations variées


prelevements de faune de fond a vernaison
La pollution est définie au sens large comme une altération du fait de l’homme, entraînant des effets nuisibles. Elle n’est pas limitée au seul aspect physico-chimique et à la présence ou non de substances indésirables apportées par les rejets d’égouts et les ruissellements diffus d’eaux sales. D’autres perturbations, liées aux conditions d’écoulement des cours d’eau (retenues, dérivations, prélèvements d’eau…) ou d’habitat pour les organismes aquatiques (artificialisation du lit et des berges…) peuvent affecter tout autant les équilibres naturels et la qualité des écosystèmes.

Quelle qu’en soit l’origine, urbaine, industrielle, agricole, la pollution de l’eau proprement dite peut revêtir plusieurs formes, chacune avec des effets spécifiques :

  • pollution physique par les matières en suspension (MES) à l’origine de dépôts, plus ou moins nocifs selon leur composition ;
  • pollution organique consommatrice de l’oxygène, élément vital (estimée notamment par les paramètres DBO5 et DCO) ;
  • pollution nutritive par les sels d’azote (nitrates) et de phosphore (phosphates), éléments indispensables pour les végétaux mais nocifs en cas d’excès ;
  • pollution toxique, principalement par les micropolluants métalliques et organiques ;
  • pollutions diverses : bactériologique, saline, thermique, radioactive…


evolution des teneurs station de chasse sur rhone
Les pollutions dites « classiques » liées aux rejets domestiques et à certains apports industriels et agricoles sont à dominante organique et nutritive. Elles sont souvent associées à des pollutions bactériologiques et toxiques. Combinées aux perturbations physiques et hydrauliques, ces pollutions affectent la vie aquatique. C’est donc au travers d’une double approche, celle des facteurs d’altération eux-mêmes notamment par l’analyse chimique, et celle de leurs effets sur la biologie, que peuvent être menés les diagnostics de qualité.
  • DBO Demande Biologique en Oxygène : consommation en oxygène des micro-organismes présents leur permettant d’assimiler les substances organiques présentes. Elle est très souvent mesurée après 5 jours à 20 °C, on parle alors de DBO 5.
  • DCO Demande Chimique en Oxygène : Oxygène nécessaire pour la dégradation par voie chimique des substances organiques et minérales de l’eau.


Quels sont les outils d’évaluation de la qualité ?


qualite des eaux superficielles en rhone mediterranee
Les premières données de suivi national de la qualité des eaux et notamment du Rhône remontent à 1971. Le dispositif, repris pour l’essentiel en 1987 par le Réseau National de Bassin (RNB) et progressivement consolidé, est depuis 2007 intégré au « contrôle de surveillance » demandé par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) et géré par la DIREN de Bassin et l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse. 

Basées à l’origine sur l’analyse des paramètres « classiques » de l’eau, les mesures se sont élargies à une gamme de plus en plus complète de micropolluants, selon des techniques complexes. Parallèlement, les observations biologiques, restreintes initialement à la faune invertébrée des rives (larves d’insectes, vers, mollusques…) se sont étendues aux différentes parties du fleuve et à ses divers compartiments biologiques, des algues microscopiques aux poissons.
Aujourd’hui, la surveillance s’exerce en vingt et un points : huit sur le Haut Rhône, treize sur le Rhône moyen et le Bas Rhône, auxquels s’ajoutent les points sur les affluents avant leur confluence (voir page suivante).
Ce suivi combine l’analyse de près de cinq cents paramètres chimiques dans l’eau et les sédiments (dont plusieurs centaines de micropolluants parmi lesquels les pesticides) et la détermination d’indices biologiques. Les campagnes sont effectuées mensuellement pour les analyses d’eau et à des fréquences adaptées pour les autres paramètres (prise en compte de durée de cycle biologique par exemple). Des observations sur l’état physique des milieux viennent compléter ce dispositif.

S’y ajoutent des points de contrôle « opérationnel » sur les secteurs présentant un risque de non atteinte des objectifs 2015 de la DCE.
Les données chimiques, basées sur des prélèvements instantanés, sont calées par les stations automatiques de prélèvement et de mesures en continu installées à Ternay (aval de Lyon) et à Arles. Cette dernière assure également un suivi de la radioactivité.
L’interprétation des résultats s’appuie sur deux types distincts de référentiels exprimant sous forme de grilles ou indices, les niveaux de qualité par rapport à des seuils de valeurs. Les uns se rapportent aux usages de l’eau et indiquent l’aptitude de cette dernière à les satisfaire. Les autres s’intéressent à la qualité générale du milieu aquatique, au regard principalement de son état écologique, selon une hiérarchie à cinq niveaux ajustée sur les critères de « bon état » de la DCE.
D’autres mesures, non continues ou à caractère ponctuel et spécifique, effectuées dans le cadre de programmes particuliers (CNR, EDF, travaux de recherche, études de définition des programmes de restauration…), permettent d’affiner le diagnostic.




Au final quelle est la qualité des eaux du Rhône ?


pesticides
Du fait de la puissance de son débit, le Rhône possède une forte capacité de dilution et donc de défense vis-à-vis des rejets d’eaux usées. Doté au cours des ans d’un équipement d’épuration urbaine et industrielle de plus en plus complet, il présente aujourd’hui une bonne qualité sous l’angle de la pollution classique.
La situation est plus contrastée pour les micropolluants toxiques, sous leurs diverses formes : métaux (mercure, zinc…), pesticides et autres micropolluants organiques (PCB par exemple), avec pour ces derniers, des préoccupations locales et plus ou moins conjoncturelles, ou générales et permanentes (HAP liés aux résidus divers de combustion, notamment). La qualité biologique, dépendante de toutes les formes de perturbation, y compris physiques, est en retrait. Correcte sur le Haut Rhône à l’exception des poissons, elle reste médiocre pour tous les organismes étudiés sur le reste du cours. Un diagnostic biologique global et précis est cependant difficile pour le Rhône à cause des limites de performances des indicateurs pour décrire la complexité des milieux dans
leur diversité et du manque de références sur ce que pourrait être le fleuve en situation normale non aménagée.

Les signes de réchauffement du Rhône, autre composante de la qualité, sont également préoccupants. Sur le plan sanitaire par contre, la situation est diverse, correcte sur les sites de baignade déclarés et contrôlés du Haut Rhône, médiocre sur le Rhône moyen et aval.
Par ailleurs et bien que le Rhône ait été exempt d’évènements graves récents, les pollutions accidentelles (rejets toxiques…) ou occasionnelles (vidanges de barrages, travaux…) ont des conséquences sur les organismes vivants, qui en enregistrent les effets parfois sur des années.
Enfin, le Rhône est le premier apport fluvial à la Méditerranée ; une contamination chimique même très faible et sans effet sur sa qualité propre, peut représenter un flux très important et nocif pour le milieu marin s’il s’agit d’éléments persistants et accumulables par les organismes vivants.




Ce qu’il faut retenir


La qualité des eaux du Rhône est globalement bonne, bien meilleure que celle des autres grands fleuves français.
Pour autant des efforts importants restent à accomplir pour limiter les effets combinés et à long terme d’une micropollution toxique, relativement modérée mais indésirable.
La qualité biologique d’ensemble ne paraît encore pas à la hauteur de ce qu’elle pourrait être pour un fleuve, certes fortement aménagé, mais qui conserve de larges espaces naturels ou semi-naturels.
Les informations sont disponibles sur le site du Système d’Information sur l’Eau (SIE) du bassin Rhône-Méditerranée

(www.rhone-mediterranee. eaufrance.fr).




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