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Le Rhône en 100 questions : 5-05 Les aménagements du fleuve ont-ils un effet sur les inondations ?

De Wikigeotech
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Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.









Dans sa conception l’aménagement hydroélectrique a veillé à conserver les grandes zones naturelles d’expansion des crues telles que le lac du Bourget, les marais de Chautagne et de Lavours, la plaine de Brangues-le-Bouchage sur le Haut Rhône, ou la plaine de Pierrelatte sur le Bas Rhône.



Les digues construites par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR ) sont destinées à contenir les eaux du Rhône, le niveau de celui-ci ayant été rehaussé à l’amont de l’usine hydroélectrique pour constituer la chute. En conséquence, et non par objectif, l’aménagement a soustrait à l’inondation des terres qui se trouvent derrière les digues insubmersibles. Les communes concernées sont désormais souvent protégées jusqu’à la crue millénale.

Quelles sont les terres submersibles derrière des digues CNR ?


On distingue trois modes de submersion des terres derrière les digues CNR .

les principaux modes de submersion
  • Par des déversoirs (notés 3 sur le graphique – cf. également question 03-04 « Quel est le principe de conception des aménagements CNR ? »).
    Quand cette protection était susceptible d’avoir un impact significatif sur l’aval ou sur la rive opposée, des déversoirs ont été aménagés dans les digues pour maintenir l’inondabilité du site. Il en est ainsi de la rive gauche entre Tain-l’Hermitage et La Roche-de-Glun (déversoirs de la Mule Blanche et de Chabalet), du sud-ouest de l’agglomération de Valence (déversoir de Mauboule), de l’ile de Blaud (déversoir de Blaud), de la plaine de Viviers, de la plaine de Caderousse (déversoir de Caderousse). Dans tous les cas, le calage du déversoir (son niveau) est tel que la situation des zones d’expansion de crues situées derrière a été améliorée.
  • Par refoulement (noté 2 sur le graphique). Bien que situés derrière des digues insubmersibles, certains terrains restent inondables par ruissellement ou par les crues des affluents du fleuve. Ils peuvent aussi l’être par refoulement des crues du Rhône qui remontent par les affluents ou les contre-canaux.  Dans ce cas, ils bénéficient d’une amélioration de leurs conditions d’inondation car ces terrains sont maintenant en contact avec le Rhône depuis un point plus en aval, donc à un niveau plus bas.
  • Les Vieux-Rhône (noté 1 sur le graphique). Ce sont les tronçons dont les modes d’inondation n’ont pas été modifiés qualitativement par l’aménagement hydroélectrique. Pour nombre d’entre eux, ils bénéficient de l’effet du canal de dérivation qu’emprunte une partie du débit. Ce qui réduit d’autant pour le Vieux-Rhône le débit de la crue. Les terres riveraines sont donc inondées plus tardivement qu’avant l’aménagement.
    Il faut toutefois considérer que le canal a parfois été implanté dans l’ancien lit majeur où s’écoulait naturellement une partie de la crue. C’est le surplus de dérivation par rapport à ce débit qui constitue l’amélioration réelle. D’autre part l’évolution morphologique du lit enclenchée par la chenalisation du xixe siècle (voir question 03-02 « Que reste-t-il des aménagements du xixe siècle ? »), tend à rogner cet avantage dans le temps.


À l’aval des aménagements


La conception des ouvrages a cherché l’avantage des communes riveraines, dans la limite de la neutralité des effets pour l’aval. Mais on peut s’interroger sur le respect de cette neutralité à l’aval de l’ensemble des aménagements.
Les débits en crue à Beaucaire par exemple ont-ils évolué avec le temps ?
À cette question les hydrologues répondent par la négative : les séries de débits avant et après aménagement sont homogènes. Autrement dit, on ne mesure pas d’impact en termes de débits liés à l’aménagement du xxe siècle.
D’autres éléments ont été apportés par la conférence de consensus en août 2005, qui a examiné la distribution statistique des débits depuis 1920 : elle constate que les tests statistiques n’ont pas infirmé le caractère aléatoire des séquences de crues.

crue de novembre 2002

Ce qu’il faut retenir


L’aménagement hydroélectrique du Rhône a veillé à conserver les grandes zones naturelles d’expansion des crues. Digues et réservoirs ont créé de nouveaux modes de submersion des terres.
Dans la pratique les espaces inondables de la vallée du Rhône ont généralement vu leur situation améliorée. Les aménagements n’ont pas eu d’impact significatif sur la valeur et la distribution des débits à l’aval des aménagements.




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