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Le Rhône en 100 questions : 10-07 Des voiles latines sur le Rhône ?

De Wikigeotech
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Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.











L’usage de la navigation à la voile sur le Rhône remonte aux temps les plus anciens. À la décize (le fait nde descendre le cours d’eau.), les embarcations portant voilure transportaient voyageurs, marchandises et idées. Si cette navigation vers l’aval va de soi, la remonte plus limitée se pratiquait de la mer vers le delta toutefois ne dépassant pas Beaucaire. Aujourd’hui quelques voiles latines fréquentent encore la région d’Arles…

Sommaire


Un passé brillant


barque a voile latine sur le leman au siecle dernier
Des voiles sur le Rhône. En ce début de XXIe siècle la présence de voiles sur ce fleuve est sujet d’étonnement.
Alors que ce mode de propulsion était bien encore en usage voici cent cinquante ans pour des navires montant et descendant, il est vrai seulement sur une portion limitée du cours. De Beaucaire à la mer c’était le seul moyen de naviguer, avec un bon vent de mistral à la décize (mais pas trop fort pour ne pas casser) ou bien un souffle bon et suffisant venant des rivages maritimes à la remonte (mais pas trop violent pour ne pas s’échouer sur les bancs de sable aux embouchures).
Depuis cette époque maintenant lointaine, l’arrivée des navires à vapeur et surtout de la mise en service du chemin de fer, les voiles sur le fleuve se sont faites rares et, jusqu’il y a peu de temps, inexistantes.




Un mode de transport original et rapide


cesaire bonaventure et mireille sur le canal d arles a bouc
Des voiles il est utile d’en dire quelques mots. Il suffisait en effet sur le parcours du Rhône moyen et bas, à la décize, de disposer d’une voile carrée et grâce au vent du nord et l’aide du courant on pouvait sur des coches d’eau rejoindre depuis Lyon les villes méridionales.
Les récits de voyageurs sur le chemin du Grand Tour d’Italie, surtout au xviiie siècle font souvent état de ce mode de transport original et rapide pour l’époque. Les témoignages de ces touristes, en quête de découvertes insolites et d’antiquités, de leur périple, ont surtout noté l’inconfort d’un habitat mouvant un peu instable et l’angoisse, récurrente, de heurter quelques écueils. Le Rhône sauvage suscitait quelques craintes. Pour remonter on empruntait la diligence.
À l’opposé, de la mer à Beaucaire – pas de tirage depuis la rive – en passant par Arles, grand port fluviomaritime de transit, on a inventé ou plutôt mis en oeuvre des navires de mer adaptés qui dès le Moyen Âge sont gréés à la latine.



De la disparition au renouveau ?


Cette grande voile triangulaire montée sur arbre et antenne qui fut mise en usage en Méditerranée au plus tard à la fin de l’Antiquité va perdurer jusqu’à nos jours. Le succès de ce type de gréement bien adapté aux conditions de la mer intérieure ne se démentira pas puisque des charpentiers navals venus de Gênes, de Toulon et de Marseille aux XVIe et XVIIIe siècles iront construire sur les lacs alpins de Suisse et de Savoie nombre de frégates, galères et autres barques le plus souvent grées à la latine.
De nos jours si ces lacs sont à nouveau parsemés de ces belles voiles élégantes grâce à des reconstructions ou des restaurations (La Savoie, La Vaudoise, l’Aurore, Le Neptune, la galère du xviie siècle…) sur le Rhône elles restent dans leur zone de prédilection entre Beaucaire, Tarascon, Arles et la mer. De là, par beau temps on peut voir parfois glisser sur le fleuve suave et tranquille quelques barquettes gréées selon la tradition méditerranéenne.
De fait, sur le Rhône maritime leur usage revient de loin. Si les allèges d’Arles mentionnées dès le XVe siècle et les tartanes fréquentaient en grand nombre le port arlésien et la foire de Beaucaire, ce fut pendant la grande période antérieure à la venue du train et de la vapeur.
À partir de la moitié de ce XIXe siècle triomphant et industriel, ces belles barques vont peu à peu disparaître et avec elles les marins qui les montent.  Dorénavant la place sera réservée, pour ce qui est du trafic – encore peu développé comparativement aux autres fleuves européens – aux barges propulsées ou poussées, aux péniches et depuis quelques années aux cargos fluvio-maritimes.

Ce qu’il faut retenir


En ce début de xxie siècle sur le Rhône – hors les lacs alpins – le renouveau encore modeste de la voile latine est une particularité arlésienne.
Elle s’associe avec d’autres initiatives tournées vers les questions environnementales, pour une redécouverte du milieu fluvio-maritime en utilisant une embarcation et une voilure remontant à l’Antiquité.



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